Assise tranquille et concentrée devant son ordinateur, exécutant assidûment tous les travaux qu’exigent son poste ou plutôt son patron, un silence mortel guette notre meilleure employée et malgré le fait que nous la côtoyons depuis plus de dix heures par jour, cinq à six jours par semaine et cinquante-deux semaines par année, personne n’aurait pensé qu’elle nous surprendrait à ce point.
Elle absorbait toute la colère de son patron toute la journée, sans dire un mot… ne se plaignant jamais, restant douce, souriante et travaillant d’arrache-pied pour satisfaire tous ses moindre caprices… mais qui aurait cru !!? «Incompétente» et «fainéante» lui répétait-il chaque jour, mais tout le monde ici savait très bien qui se traînait les pieds dans ce département !!!
Je rentrais toujours une quinzaine de minutes d’avance pour l’aider. Nous nettoyions les tasses et préparions le café pour tout le monde. Normalement rayonnante, ça ne me pris pas long pour m’apercevoir qu’aujourd’hui, quelque chose ne tournait pas rond!
- «Qui a-t-il ce matin en ce magnifique vendredi? Tu es si silencieuse et sérieuse!» j’ose demander.
- «Fatigue, je crois !» se contenta-t-elle de me répondre.
De retour à nos poste de travail, je suis restée perplexe et comme à tous les matins :
- «Qu’attends-tu pour m’apporter mon café, imbécile!!» retentit du fond du couloir!
- «Oui, oui, monsieur… il arrive!» lui répondit-elle avec toute la douceur habituelle.
- «Où sont mes rapports que je t’ai demandé hier, j’ai un meeting dans quelques minutes… TU AS ENCORE PARESSÉ… OÙ SONT-ILS ????» hurle- t-il au point que l’étage au grand complet se tue !
- «Ici monsieur, ils sont ici !!» lui dit-elle d’une voix tremblante… en les déposant sur le coin de son bureau ! Il les prit et lui renvoya en plein visage…
- «TU N’ES QU’UNE IMCOMPÉTANTE… CE N’EST PAS CE QUE JE T’AI DEMANDÉ… DE QUOI VAIS-JE AVOIR L’AIR AVEC SES STUPIDES PAPIERS QUE TU VIENS DE ME REMETTRE… C’EST QUOI CETTE MERDE !!!!!!!» lui rétorqua-t-il avec une tel fureur que plus personne n’osa dire quoi que ce soit, tous les yeux rivés sur le seuil de la porte où elle se tenait, attendant l’excuse inutile qu’elle allait sortir…
- «Mais, monsieur, ce sont les mêmes docum…» elle s’arrêta nette !!! La vision que nous avons tous eu, fût indescriptible…
Nous avons assisté à une combustion instantanée! Notre petit oiseau souriant et enjoué se transforma en un oiseau de feu, ses yeux miroita en larmes de magma, sa chevelure s’ébouriffa en vagues de flammes ardentes, les poings serrés, son corps épris d’un frémissement de rage, d’une respiration rapide et dans un horrible grincement de dents… elle lui rétorqua :
- «Vous ÊTES LE PLUS IGNOBLE MACAQUE DE CETTE PLANÈTE, MMMONSSSSIEUR!» hurla-t-elle et ne lui laissant AUCUNE chance de répliquer «LE PLUS INFÂME PATRON QUE JE CONNAISSE… ALLEZ-VOUS FAIRE FOUTRE !!!!» elle prit sa tasse de café et lui envoya au visage, tourna les talons et sortit du bureau «JE DÉMISSIONNE !!!» finit-elle par dire !!!
Talonnant le corridor, elle sortit furibonde et enragée du building sans dire quoi que ce soit d’autre… Les têtes bouches-bée sorties de nos cadres de porte, nous regardions le bureau du «macaque» qu’elle venait d’asperger. Un silence morbide régna sur l’étage le reste de la journée.
De retour au bureau le lundi, ayant passé un weekend tranquille après cet évènement du vendredi, nous fûmes tous surpris de la revoir au bureau, préparant le café comme à tous les matins…
- «Mais que fais-tu ici ? Je croyais que tu t’étais libérée de ce boulot et de ce tirant !!» je lui dis tout bonnement !
- «J’ai fait encore mieux… tu verras!» se contenta-t-elle de me réfuter avec son sourire radieux !
- «Mais que fais-tu??» je dis avec une interrogation évidente dans les yeux…
- «Et oui, vois-tu… quand je suis partie vendredi, j’ai croisé le grand manitou dans l’ascenseur. Mon humeur anormal la choqué vu mon éternel enthousiaste de coutume. Nous avons discuté autour d’un bon café au coin de la rue. Il m’avait remarqué depuis quelques temps, vu l’heure matinale à laquelle j’arrive le matin et mon assiduité de mon travail. Il avait également eu plusieurs plaintes concernant mon exécrable patron. Se renseignant ici et là, il a remarqué que c’était moi qui faisait déjà tout le boulot à sa place. L’échange que je venais d’avoir avec mon supérieur lui ouvrait une porte pour régler son problème d’attitude une fois pour toute et il m’a donc offert ce poste.» me dit-elle simplement !
- «Sérieuse !!??» …
- «Oui… sérieuse ! Et j’aurais besoin d’une assistante compétente à mes côtés… Qu’en dis-tu?» me dit-elle tout bonnement... travailler pour la plus sympathique femme de cette firme, je serais folle de refuser !
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